Isabelle Tréhet

Isabelle Tréhet

Contact:

itrehet@yahoo.fr

Présentation // introduction:

J'ai commencé l'écriture très tôt dès l'âge de 10 ans. J'ai participé à plusieurs ateliers d'écriture de poésie avec l'OULIPO, François Bon, et de théâtre avec Christophe Botti. J'ai récemment remporté le prix coup de cœur de la nouvelle à la BPI. François Morel était le président du jury. En 2014, une pièce un acte Tic tac et toc a été lue à la maison théâtre de Strasbourg.

Pièce présentée // presented play

Tic tac et toc

Ages: 11 - 13 ans years, Adolescent/e/s

Résumé // Summary

Un grand-père perd la mémoire. Il est recueilli par une vieille dame, sa femme de ménage et ses deux filles. Madame Demaret vient chercher le vieil homme. Il est son père. Bientôt, arrivent les deux fils de Madame Demaret, puis les policiers, la voisine, le pharmacien... Humour et bonne humeur sont au rendez-vous dans cette pièce de théâtre déjantée.

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A grandfather loses his memory . He is rescued by an elderly woman , his housekeeper and her two daughters . Ms. Demaret will pick the old man. It is his father. Soon, the two arrive son of Mrs. Demaret and the police , the neighbor , the pharmacist ... Humor and good humor are waiting for you in this crazy play

Extrait // Extract

Jour. Salon.
Une vieille femme assise dans un fauteuil roulant, va et vient de la porte du salon à la fenêtre, visiblement impatiente. Elle prend une tasse sur la table basse.

Mais qu’est-ce qu’elle fabrique ? Elle n’est jamais à l’heure. Bavarde comme elle est, je suis sûre qu’elle a rencontré la voisine du premier et qu’elle n’arrive pas à s’en défaire.

L’horloge retentit.

Midi. Et elle sait bien que je mange à midi pile. Elle va m’entendre. Ah moins qu’elle est eu un accident.

La sonnerie de la porte d’entrée résonne bruyamment. Une fois, deux fois.

La vielle dame soupire, soulagée.
Ah enfin ! Pourquoi, elle n’entre pas ? Vous avez oublié vos clés ?

Deux adolescentes entrent précipitamment, en se disputant.

SEVERINE
La plus âgée, 16 ans, tire sur sa jupe fluo.
Tu vois, je te l’avais dit. Maman n’est pas encore là.

MAGALI
La plus jeune, 13 ans (calme et posée).
Magali, tu vois toujours le mal partout. Je suis sûre qu’elle est dans la cuisine à préparer le repas, n’est ce pas Madame Blanchard ?

MADAME BLANCHARD
Ta sœur a raison malheureusement. Ta mère est en retard. Je l’ai envoyé chercher mes médicaments chez le pharmacien. Elle ne revient pas.

MAGALI
Je vais à sa rencontre, si vous voulez.

MADAME BLANCHARD
Non, non, reste-là. Elle va bien finir par arriver. Sers-moi une tasse de thé en attendant.

Magali reste immobile. La plus jeune soupire, prend la théière sur la table basse et sert la vieille dame.

Merci, ma petite Séverine.

MAGALI (à la fenêtre)
Je la vois. Elle arrive mais elle n’est pas seule.

MADAME BLANCHARD
Comment ?

MAGALI
Il y a un homme avec elle.

MADAME BLANCHARD (agacée)
Je ne lui ai pas dit de ramener le pharmacien, juste mes médicaments.

La porte s’ouvre sur Mimi, femme de 55 ans, énergique, d’allure très moderne et un vieil homme.

MIMI
Entrez, n’ayez pas peur.

Elle tire par la main un vieil homme, visiblement craintif.

MADAME BLANCHARD
Mimi, qu’est-ce que cela veut dire ? C’est un clochard que vous me ramenez ?

MIMI
Non, Madame. Ce monsieur a perdu la mémoire. Je l’ai trouvé à la pharmacie. Je lui ai promis que je retrouverais sa famille.

MADAME BLANCHARD
Ah oui. Comment ? On va faire appel à une voyante.

MIMI
Mais non. Il a un bracelet avec un prénom et un numéro de téléphone.

MADAME BLANCHARD
Bientôt vous allez me dire qu’il est tatoué.

MAGALI rit
Maman, il n’y a que toi qui peut faire ça.

SEVERINE
Tu as appelé ? On t’a répondu.

MIMI
Le pharmacien s’en est chargé.
(au vieil homme et parlant fort)
Asseyez-vous. Monsieur. Votre fille est prévenue. Vous vous souvenez.
(regardant le bracelet)
Monsieur Marcel. Vous allez rentrer chez vous.

MARCEL
Une fille ? Mais je n’ai pas de fille. She’s a bad girl, a very bad girl.

MAGALI
Et si c’était un dangereux psychopathe échappé d’un asile ?

Une sonnerie insistante et prolongée à la porte d’entrée les fait sursauter. Elles se regardent toutes, n’osant pas bouger.

Mimi fait signe à Séverine d’ouvrir. L’adolescente ouvre la porte tout doucement.

Le facteur entre.
J’ai un colis, pour un monsieur Marcel. C’est bien ici ?

MADAME BLANCHARD
Surprenant, un colis pour un monsieur amnésique. Il n’habite pas encore chez moi.

LE FACTEUR (impatient)
Décidez-vous. Une signature. Il est 12h20 et je termine ma tournée à 13h. J’ai encore trois livraisons.

MIMI s’avance.
Je vais signer. Je suis responsable de cet homme.

Elle signe et prend le colis. Le facteur sort, bouscule une femme qui entre très pressée et affolée.

Mon père, il est là ?

Elle va vers le vieil homme, veut lui prendre la main. Il se détourne.

Je suis ta fille.

MONSIEUR MARCEL
You are a bad girl, a very bad girl. Je n’ai pas de fille. Je n’ai pas de famille.

MADAME BLANCHARD
Mais il est mal élevé ce vieux détritus. Ne vous laissez- pas faire, Madame…

La femme, la soixantaine, (confuse)
Madame Demaret. Mon père a perdu la mémoire. Il ne sait plus ce qu’il dit. Je ne lui en veux pas. Je vous remercie de l’avoir recueilli.

MIMI
Tenez un colis pour votre père.

MADAME DEMARET (étonnée)
Un colis ?

MADAME BLANCHARD
Oui, comment il est arrivé chez moi ? Vous avez peut-être une explication ?

MADAME DEMARET
Mais non.

MAGALI
Si on l’ouvrait. On serait fixé.

SEVERINE
C’est la dernière idée géniale que tu as eu. Cela ne nous regarde pas. Tu ne respectes rien.

MAGALI
Dis plutôt que tu as peur. Et si c’était une arme ? Et Madame, qui nous garantit que vous êtes bien sa fille ?

Elle prend le colis des mains de sa mère et cherche à l’ouvrir. Séverine veut l’en empêcher. Elles se chamaillent. Le colis s’ouvre dans la bagarre. Un objet métallique tombe.

MADAME DEMARET
Une clé à molette ! C’est bien à mon père.

Deux coups de sonnette très courts et un prolongé.

MADAME BLANCHARD
Encore ! Cela devient un vrai boulevard ici ?

MADAME DEMARET
Ouvrez, si vous plaît. Ce sont mes deux fils. Je reconnais leur coup de sonnette.

Monsieur Marcel ramasse la clé à molette, le regard vide. Deux jeunes hommes entrent.

Un jeune homme, 20 ans.
Je te l’avais dit que c’était une mauvaise idée, ce colis. Regarde, il ne se souvient pas.

Le deuxième jeune homme, 25 ans.
Toujours aussi pressé d’avoir un résultat, frérot. Il ne nous reconnaît pas, depuis qu’il a eu son AVC. Il a la mémoire vacillante. Oh, tant mieux. Dans cet état, c’est un autre homme. Il parle anglais et il m’adore, alors que dans la vraie vie, il ne me supporte pas.
(à son père)
Papy. Je suis Pierre. Et avec moi, il y a Simon.

Marcel regarde la clé et Simon, sans réaction.

SIMON
Pierre, arrêtes de le taquiner.

MADAME BLANCHARD
Cette clé à molette ?

SIMON
Un pari fou. Mon père était garagiste et cette clé à molette est la récompense pour le meilleur garagiste de l’année, un peu comme un oscar. Si vous regardez bien, elle est en or.

PIERRE
Même cela il a oublié.
MAGALI, (admirative)
Trop fort.

Un autre coup de sonnette impatient.

MADAME BLANCHARD
Encore un autre membre de votre famille ?

Une femme âgée entre, traînant avec elle une laisse vide.

MADAME BLANCHARD
Il ne manquait plus qu’elle, la folle du premier. Non, Madame, votre chien n’est pas là. Rentrez chez vous.

La vieille femme fait le tour du salon avec sa laisse vide.
Viens kiki, ne va pas faire pipi sur le salon de Madame Blanchard.

SEVERINE, conciliante
Venez avec moi. Je vais vous ramener chez vous. Il est trop mignon votre petit chien.

Monsieur Marcel regarde la vieille femme et lui donne sa clé à molette. Il veut la suivre.
Séverine et la vieille femme sortent.

SIMON
Non Papy. Tu restes là.

MONSIEUR MARCEL se débat.
Fuck you. You are a very bad boy.

MADAME BLANCHARD
Non, mais cela suffit. Ce n’est pas parce que vous n’avez plus toute votre tête que vous pouvez tout vous permettre. Soyez poli, ou sortez de chez moi, mal embouché. Connard. Oui, connard.

MIMI, (choquée)
Madame Blanchard !

Monsieur Marcel s’immobilise le regard fixe. Il se dirige vers la porte.

MADAME DEMARET
Nous allons tous rentrer ensemble. Merci encore, Madame Blanchard.

Une sonnerie très courte à la porte. Un autre homme apparaît. Il a la clé à molette à la main.
Un jeune policier le précède.

BIJOUTIER
Une femme a déposé cet objet dans ma bijouterie. Elle voulait le faire fondre pour que je réalise un bracelet... Cela vient de chez vous. Je voulais savoir si vous étiez d’accord ? Cela vous appartient ?
POLICIER
Est-ce que vous voulez porter plainte ?

MAGALI
Pas si folle, la voisine du premier.

MADAME BLANCHARD
Non, je n’en veux pas à cette vieille folle.
(au bijoutier)
Posez cette clé sur la table. Je commence à être fatiguée de cette journée.
Sortez tous.

Le bijoutier regarde le policier, hausse les épaules et obéit à Madame Blanchard. Le téléphone portable du policier sonne. Ce dernier décroche très inquiet. Les deux hommes se dirigent vers la porte.

Madame Demaret prend la main de son père devenu docile. Ils sortent.

SIMON (à Pierre)
Je te l’avais dit qu’il ne retrouverait pas la mémoire, même avec sa clé fétiche.

Pierre ne répond pas et prend la clé à molette. Ils suivent leur mère. Séverine entre.

MADAME BLANCHARD
Bien. Mimi, préparez-moi mon repas et les filles, donnez un coup de main à votre mère. Vous restez manger.